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DÉMARCHE ARTISTIQUE

Mon travail prend la forme d'installations qui rallient la sculpture, la photographie et la performance. Ayant un atelier situé sur une ferme laitière et d’agriculture intensive, mes œuvres sont en constante résonance avec ce milieu. Mes recherches sont ancrées dans le territoire agricole et la biodiversité, dans un désir de contrebalancer le contexte de production de masse, de monoculture et de surplus de matières résiduelles présent autour de moi.

Mes recherches ont comme point central la céramique. J’utilise principalement le façonnage et plus spécifiquement le colombin et le galetage. Je crée des formes entre la figuration et l’abstraction qui s'ancrent dans l'héritage artisanal de ce médium en évoquant parfois l’objet utilitaire. La céramique étant un matériau précaire, je pousse cette matière en laissant apparaître les failles dans un processus de lâcher prise. Mes œuvres sont ensuite présentées sous la forme d'installations où des déchets, divers rebuts de la ferme, des archives et des éléments végétaux agissent en orbite.

L’argile a pour moi une forte symbolique au sol cultivé. Parfois mouillées, parfois sèches et fragiles, ce sont deux matières dont nous devons prendre soin. Par exemple, j'étudie différents systèmes racinaires en utilisant la céramique en m’inspirant de la biologiste Lore Kutschera, qui a répertorié plus de mille systèmes racinaires.


Mes œuvres s’inspirent des plants de blé, de maïs, de luzerne et de soja qui ont une grande place dans les paysages montérégiens et sont semées dans les champs où se trouve mon atelier. Je souhaite par le façonnage découvrir ce territoire qui est constamment altéré et transformé pour répondre à la demande de production. Mes gestes en lenteur et le façonnage d’objet unique sont pour moi une réponse à la rapidité qui m'entoure, au sol pollué et au travailleur.e.s qui doivent se concilier aux dérèglements climatiques qui s'accentuent.

Le deuil prend une place importante dans ma pratique, dû au décès subit de mon père en août 2022. Je façonne l’urne de mon père et «Un autel pour y reposer ma peine» dans l’espoir de réparer cette relation difficile. Je répète trois fois la forme de l’urne de mon père dans un élan profond de continuer le geste du façonnage et de guérison entre lui et moi et ainsi espérer guérir colombin par colombin.

Depuis, le lien entre le deuil et les changements climatiques est encore plus important. La réparation et les soins sont centraux à ma pratique, elle passe par le long processus de mes deuils personnels et par la place du deuil face à la dégradation du territoire.